Interview exceptionnelle de Charlize Theron by Jérémy Coquement
[dropcap]J[/dropcap]érémy COQUEMENT directeur de Crush Magazine vous propose une interview exceptionnel de la grande actrice Charlize Theron.
Jérémy Coquement : Bonjour Charlize, comment vous sentez-vous concernant la vie en général ? Vous êtes la mère de deux enfants maintenant, et votre carrière semble être aussi intéressante et prenante que jamais ?!
Charlize THERON: Bonjour, je me sens vraiment chanceuse. Je fais un travail intéressant et je suis artistiquement parlant très heureuse avec les personnages que j’incarne à l’écran.
Jérémy Coquement : Est-ce que le faite d’avoir 40 ans a eu beaucoup d’impact sur vous?
Charlize THERON: Je ne pense pas vraiment à ça. Je suis beaucoup plus heureuse maintenant que quand j’avais 20 ans. En tant qu’actrice, je vais avoir plus d’opportunités que je n’en ai eues jusqu’à présent et je pense qu’Hollywood commence à réaliser que les actrices ne meurent pas à 40 ans. Nous devons continuer à progresser et à trouver plus d’histoires et plus de grands rôles pour les femmes, qui reflètent notre force et notre importance dans la société.
Jérémy Coquement : Etiez-vous une grande fan des contes de fées quand vous étiez enfant?
Charlize THERON: Non, j’étais plus intéressée par le folklore africain avec lequel j’ai grandi. Mais je me souviens encore quand je disais à ma mère que je voulais être une sirène. (Rires) Ma mère m’a vu un jour allongée dans un étang et elle m’a demandé : «Pourquoi nages-tu de manière aussi bizarre ? Et j’ai répondu : « Je suis une sirène ! »
Jérémy Coquement : Pensez-vous que les petites filles puissent avoir une fausse vision de la vie quand elles grandissent avec des contes de fées et des histoires avec un Prince Charmant, chevauchant un cheval ?
Charlize THERON: Non, pas du tout. Je pense qu’il est important que les enfants aient des contes de fées dans la vie. Et parfois, nous les femmes, nous aimons nous sentir comme des princesses, lorsque nous portons des longues robes et de belles chaussures. Mais cela ne signifie pas nécessairement que les femmes sont stupides ou naïves et ne peuvent pas être des leaders dans le monde d’aujourd’hui.
Jérémy Coquement : Jouer les femmes sombres ou dangereuses vous vient-il assez facilement ?
Charlize THERON: J’ai traversé un événement traumatisant quand j’étais jeune et, en quelque sorte, ce genre d’expérience vous façonne. Cela vous permet de comprendre l’obscurité et la tragédie… Mais je ne me laisse jamais entraîner par les problématiques de mes personnages. Je peux explorer profondément le caractère sombre du personnage et jouer ses différents états psychologiques, puis revenir dans ma vie normale assez rapidement. Je suis une personne très heureuse, ce qui me permet probablement de revenir à mon état normal plus facilement. Je déteste aussi l’idée d’être dans un état d’esprit misérabiliste, et que ça envahisse ma vie, que ça déteigne sur mes amis ou mes collègues, et que ça vienne tout gâcher : les bons moments de la vie d’une actrice et la belle vie que je mène.
Jérémy Coquement : Qu’est-ce qui fait de vous une femme adaptable et indépendante d’esprit ?
Charlize THERON: Je dois cela à ma mère. Elle est la femme la plus forte que je connaisse et elle a toujours été mon guide dans la vie. Elle m’a appris à ne jamais s’arrêter sur des erreurs ou ce qui ne s’est pas bien déroulé dans le passé et qu’il faut avancer dans la vie. C’est la seule manière dont je vis et c’est ce qui a le plus de sens pour moi. Vous devez être prêt à prendre des risques et à ne pas devenir quelqu’un qui regrette de ne pas avoir saisi toute ses chances.
Jérémy Coquement : Est-ce qu’avoir grandi dans la brousse, dans une ferme en Afrique du Sud, vous a renforcé ?
Charlize THERON: Une grande partie de ma vie est façonnée par ça : quand vous grandissez dans une ferme, que vous apprenez à monter à cheval, que vous faites des petits boulots, et pas seulement rentrer à la maison et regarder la télévision après l’école. Vous apprenez beaucoup quand vous vivez à la ferme, en particulier en Afrique.
Jérémy Coquement : Vous êtes Messagère de la Paix des Nations Unies et vous êtes aussi la fondatrice du «Charlize Theron Africa Outreach Project» (CTAOP) qui porte sur la lutte contre le SIDA. Quelle importance ont ces missions pour vous?
Charlize THERON: Comme quelqu’un qui a grandi en Afrique du Sud, je considère que c’est encore chez moi. C’est dans mon sang. Ça choque encore beaucoup de monde quand je leur dis que l’Afrique du Sud a actuellement le plus grand nombre de personnes vivantes avec le VIH dans le monde. Nous représentons 1% de la population mondiale, mais environ 18% de la population séropositive mondiale. J’ai fondé CTAOP parce que je voulais profiter de l’occasion qui m’a été donnée de changer les choses. Le VIH est évitable à 100%. Parfois, il semble que nous l’oublions – et j’espère que le CTAOP peut être un moyen d’aider les jeunes et une voix pour rappeler à tous que ce combat n’est pas terminé, et que nous pouvons en venir à bout ensemble.
Jérémy Coquement : Comment la maternité a changé votre vision du monde et votre motivation pour vous engager dans des projets VIH ?
Charlize THERON: Rien ne vous fait plus comprendre et ressentir la valeur inestimable de la vie que le fait d’être parent. Il est donc essentiel que les jeunes s’apprécient eux-mêmes et apprécient leur propre vie; parce que leurs décisions, non seulement façonnent leur avenir, mais aussi notre avenir collectif. Nous devons leur donner tous les moyens, le soutien et la responsabilisation dont ils ont besoin pour être en mesure de mener une vie saine et productive. Nous oublions à quel point l’adolescence est difficile. Dans tout ce que j’ai fait, être mère a renforcé mon engagement et m’a motivé plus que jamais à m’investir dans la vie des jeunes.
Jérémy Coquement : Vous êtes souvent décrite par vos collègues comme une femme ayant très confiance en elle, avec beaucoup d’assurance. Pensez vous que certains hommes trouvent cela intimidant?
Charlize THERON: J’ai rencontré tous types d’hommes dans ma vie. Ce que j’ai compris, c’est que les réactions de la plupart des hommes sont pour moi le reflet de leur propre vulnérabilité, ce qui n’a rien à voir avec moi et provient plutôt de leur caractère, et pas du mien. Je n’ai jamais essayé de paraître moins énergique ou moins affirmée afin qu’un homme se sente mieux ou plus en sécurité. J’ai toujours eu de grands rêves, et réussir à faire au mieux dans ma vie. Je ne voulais pas faire de compromis, sinon je n’aurais pas été heureuse. J’ai joujours désiré un homme qui accepte mes rêves et mes objectifs et apprécie tous les aspects de mon caractère et qui est lui-même assez confiant pour ne pas se sentir menacé par cela.