Monsieur Madame

Les dessous de Chantal Thomass by Jérémy Coquement

Les dessous de Chantal Thomass by Jérémy Coquement

-CHANTAL THOMASS-

Si je vous dis Chantal Genty, ça ne vous dit rien ? C’est normal, c’est le vrai nom de Chantal THOMASS, créatrice que tout le monde connaît, icône audacieuse ayant réussi la prouesse de réinterpréter les codes de l’ultra-féminité, revendiquant un style à la fois sexy, pin-up et romantique.

Sa garde-robe est composée exclusivement de noir et de blanc, et son style est clairement identifiable: une coupe au carré à la frange bien dessinée sur des cheveux noirs ébène, le tout contrasté par un rouge à lèvres rouge incendiaire…

Bienvenue sur la planète Chantal Thomass.

Née en 1947 à Malakoff, elle abandonne le lycée après la seconde et entre dans une école de dessin. Sa carrière démarre en 1967, quand elle lance sa première marque de prêt-à-porter, «Ter et Bantine».

À cette époque, les dessous adoptent des coupes avant-tout fonctionnelles, avec des matières plutôt basiques. Chantal Thomass va oser détourner des pièces traditionnellement masculines et c’est Brigitte Bardot qui va la soutenir, en portant ses créations étonnantes, conçues avec de la toile cirée, du pilou ou de la maille lurex (ce tissu à l’aspect métallique qu’on ne sort que pour les fêtes de fin d’année).

En 1975 elle crée sa société, «Chantal Thomass», et elle est la première à faire défiler la femme en lingerie ! Croyez-moi les filles, Monsieur va dorénavant lui vouer un culte.

Après une période difficile de 1985 à 1999, la marque passe par divers propriétaires japonais, pour finalement aboutir dans le groupe Chantelle. Mais on n’arrête pas «la machine» Chantal Thomass comme ça: elle fait évoluer ses créations, tout en conservant son rang de marque de luxe.

 I N T E R V I E W

Reconnaissable par sa silhouette et son style, Chantal Thomass parvient à allier l’élégance, le charme et le désir au sein de ses créations. Féminine et impertinente, cette icône glamour de la mode est la première créatrice qui a réussi à faire prendre le dessus aux dessous. Entretien avec la reine de la lingerie qui était, est et seras toujours là pour nous faire fantasmer!

Jérémy Coquement : Pensez-vous que vos 1ères créations de lingerie en 1975 pourraient être encore tendances ?

Chantal Thomass : Oui, parce qu’elles étaient de couleurs vives avec de la dentelle… elles pourraient encore être très tendances !

Vous avez commencé à fabriquer des robes à vos débuts comme styliste, pourquoi n’avoir jamais retenté l’expérience ?

J’ai fait des vêtements pendant 25 ans, ça a été une longue expérience ! Après il se trouve que par des hasards d’associations j’ai arrêté le prêt à porter, et j’ai commencé 10 ans plus tard, la lingerie. Il est vrai que lorsque j’ai commencé la lingerie, c’était extraordinaire et très rapidement cela a été un grand succès !

Si on vous proposait de refaire du prêt à porter vous seriez contre ?

Non, je ne serais pas contre, mais la mode a changé… maintenant il y 6 collections par an. C’était beaucoup plus simple dans les années 80, il y avait juste Été/Hiver! Pour répondre à votre question, ce serait pour faire une collection capsule, mais pas plus !

À quoi ressemble la femme “Chantal Thomass” ?

C’est une femme mode, sophistiquée, raffinée, impertinente, drôle, glamour, qui a envie de séduire mais qui veut avant tout se plaire à elle même !

Quelle femme représente pour vous la féminité aujourd’hui ?

J’ai dîné hier par exemple avec Dita Von Teese et pour moi c’est vraiment le comble de la féminité ! Marion Cotillard, je la trouve très féminine, j’aime beaucoup Vanessa Paradis aussi.

Quelles exigences la lingerie de luxe doit-elle respecter ?

Elle doit utiliser de belles matières, des matières raffinées, confortables à porter ! Il faut que ce soit bien fait avec de l’originalité et de la fantaisie !

En qui avez vous le plus confiance ?

Alors ça !? Heu…, j’ai confiance en ma famille ! Mais je dois dire que je ne fais pas facilement confiance !

À quel moment Chantal Thomass, telle que nous là connaissons : Frange, souvent de noir vêtue, élégante et mystérieuse est elle arrivée ?

Début 1980, petit à petit je me suis habillée de plus en plus en noir, mais il faut dire que c’était l’arrivée de la mode Japonaise, et que le noir est arrivé grâce aux Japonais ! En revanche j’ai toujours mis du rouge à lèvre rouge depuis mes 18 ans ! (rires)

Pensez-vous qu’il soit important d’avoir un look bien spécifique et surtout bien reconnaissable lorsque vous êtes une styliste comme vous … ou comme Karl Lagerfeld par exemple ?

Non, il y a des gens qui ont réussi sans avoir de style!

Mais c’est vrai que lorsqu’on travaille dans la mode, que l’on fait des collections tous les 3 mois et que nous ne pouvons jamais porter ce que nous avons envie, car ce que nous avons envie ne sortira que 12 mois après … on finit par se créer un uniforme ! Il y a Sonia Rykiel, Claude Montana à l’époque, Thierry Mugler aussi et bien sûr comme vous l’avez cité Karl Lagerfeld qui ont leur propre style reconnaissable immédiatement ! Il est vrai que le fait d’être reconnaissable peut apporter la notoriété, en tout cas cela peut aider !

Quels sont les univers artistiques qui vous inspirent ?

il y en a beaucoup ! J’aime le style 18ème siècle Italien, j’aime énormément aller à Venise, j’aime aussi les années 40… Bruxelles m’inspire aussi beaucoup !!! Voyager en général m’inspire.

Qu’est-ce que la mode selon vous ?

La mode, c’est aider les femmes à se sentir bien et belles… à trouver des vêtements qui correspondent à leur personnalité et à leur physique ! Ça aide à sentir bien, c’est tout !

Dans une interview datant de 2010, vous aviez dit que vous aviez un rêve : pouvoir décorer un hôtel ou un restaurant !

Chose faite : Le Vice Versa hôtel à été imaginé et décoré par vous-même sur le thème des 7 péchés capitaux ! Pourquoi n’avoir qu’une chambre au RDC sur votre péché favori qui est la gourmandise (les autres péchés ont le droit à un étage entier) ?

Parce qu’il était évident que la gourmandise devait être la salle de petit déjeuner et que malheureusement il n’y avait la place que pour une chambre au RDC ! Nous avons 7 étages avec le RDC compris… si j’avais pu avoir 8 étages j’aurai fait un étage entier sous le thème de la gourmandise ! (rires)

À quand la décoration d’un restaurant ?

Ca peut venir ! Mais il se trouve qu’en ce moment j’ai énormément de travail avec le reste… En revanche, je ne suis pas contre !

Merci Beaucoup Chantal Thomass !

Merci à vous, Jérémy.