Les églises et Paris… Une longue histoire
[dropcap]L[/dropcap]es églises faisaient partie des premiers monuments construits dans un village, bien avant les centres administratifs et directifs. En effet, le culte de Dieu faisait à l’époque office de juge, père et maire… Bref, on ne se permettait pas d’établir un nouveau lieu de vie sans avoir à proximité une église.
Et bien, dans Paris c’est exactement pareil. Même si la maitresse des lieux n’est autre que Notre-Dame, il faut savoir que les églises pullulent dans la capitale comme des fleurs des champs au printemps.
C’est pourquoi aujourd’hui, je vous propose de découvrir l’histoire de Paris et de ses églises à travers quelques uns de ses monuments… Car encore une fois, on ne peut pas tout étudier en un seul article !
1 | La Cathédrale Notre-Dame de Paris: la plus connue des églises (IVe)
La belle Notre-Dame de Paris, chef des églises parisiennes, eut une histoire rocambolesque au fil des siècle. En construction de 1163 au milieu du XIVe siècle, soit sur plus de deux siècles, elle resplendit dans l’Europe toute entière par son style gothique rayonnant. Aujourd’hui encore elle reste le monument le plus visité de Paris chaque année, le centre catholique et un centre culturel de la ville de Paris.
Malmenée après la Révolution Française, elle servit de hangar et dépôt de marchandises et fut même menacée de destruction ! Inconcevable pour nous aujourd’hui… Son sauveur fut le roman de Vitor Hugo Notre-Dame de Paris, qui fit chavirer le coeur des parisiens avec cette histoire d’amour cruel, impossible, et l’incontournable figure de Quasimodo. Ainsi, bon nombre de touristes parcourent les tours, à la vue des gargouilles et des chimères à la recherche du bossu difforme…
NB: Pour les cinéphiles, vous avez pu voir Notre-Dame dans toutes sortes d’oeuvres cinématographiques. Cependant, il faut savoir que la flèche noire à la croisée des transepts a été refaite lors des travaux de restauration par Viollet-le-Duc au XIXe siècle, la flèche précédente étant moins haute et fortement abimée par le vent. Donc celle que vous pouvez voir dans les films avant le XVIIIe siècle… Ce n’est pas la bonne !
2 | La Sainte-Chapelle la Conciergerie (IVe)
Ensuite, découvrons la Sainte-Chapelle. Edifiée sous l’ordre de Louis IX pour abriter les saintes reliques de la couronne d’épine du Christ, un morceau de la croix et autres objets de la Passion, elle est aujourd’hui considérée comme un joyau de la capitale. C’est par ailleurs la première des Saintes-Chapelles construites !
Privée de ses reliques à la Révolution Française, elle a failli être détruite elle aussi, n’ayant alors plus de raison d’être…
En forme de châsse très grande, elle est remarquable par l’absence quasi complète de murs, remplacés par de grands vitraux, formant ainsi une véritable verrière colorée. Ses vitraux sont aujourd’hui les éléments qui la caractérisent comme joyau de la capitale. Pour les connaisseurs, vous pourrez aisément reconnaître l’origine de certains maîtres verriers, avec la présence de bleu de Chartres, spécifiquement créée dans la ville éponyme.
Elle est le troisième monument géré par le Centre des Monuments Nationaux le plus visité, après le Mont Saint-Michel et l’Arc de Triomphe.
3 | Église Saint-Paul-Saint-Louis dans le Marais (IVe)
Puis, l’église Saint-Paul-Saint-Louis, nommée à l’origine église Saint-Louis-des-Jésuites, fut édifiée sous l’ordre de Louis XIII au XVIIe siècle par deux architectes jésuites.
Ce qui est surprenant chez elle, c’est qu’elle porte deux noms ; en effet, elle fut construite sur l’ancienne chapelle Saint-Paul-des-champs, dont on peut apercevoir encore quelques restes dans l’église et notamment au niveau de la crypte.
À la Révolution Française, elle fut épargnée mais destituée de son culte catholique au profit du culte de Raison après le massacre de 5 prêtes lors du massacre de Septembre en 1792.
Son culte d’origine ne lui est restitué qu’en 1802, à la suite du Concordat signé entre Bonaparte, futur Napoléon 1er, et le Saint-Siège dirigé par Pie VII.
Des figures célèbres planent sur ce lieu. Mme de Sévigné y fut baptisée en 1626 dans la première chapelle Saint-Louis. En 1843, Léopoldine Hugo s’y marie, et son célèbre père Victor Hugo offre à l’église deux bénitiers véritables, qui s’y trouvent encore de nos jours.
NB: Dans Les Misérables, c’est ici que Cosette et Marius se marient, comme si Hugo faisait écho à sa fille chérie qu’il perdit trop tôt… De plus, pendant la Commune au XIXe siècle, l’église fut attaquée… Par des graffers ! On peut toujours observer aujourd’hui « La République Française ou la mort » sur un des piliers de l’église…
4 | Église Saint-Germain de Charonne (XXe)
Bienvenue dans la plus vieille église de Paris ! Bon, Paris, c’est un bien grand mot, car à l’origine les quartiers de Charonne du XXe arrondissement ne faisait pas partie de la capitale… Mais bon, aujourd’hui si donc c’est une des raisons pour lesquelles on s’y intéresse.
Vous pouvez remarquer aisément le style roman qui la caractérise, chose non-étonnante vu qu’une grande partie date du XIIe siècle, le reste s’étant construit entre le XVe et le XVIe siècle. Chose plus surprenante encore: elle est une des deux seules églises (avec l’église Saint-Pierre de Montmartre) a encore être bordée de son cimetière d’origine, le cimetière de Charonne.
Mais sa construction relève d’une rencontre… En plus d’être le point central de l’ancien village Charonne, l’église fut construite à l’emplacement de la rencontre entre l’évêque Saint-Germain et une jeune fille de Nanterre vers le Ve siècle après Jésus-Christ. Cependant, cette jeune fille n’était autre que la future Sainte-Geneviève, sainte patronne de Paris ! Pour célébrer cet instant, l’église fut construite, et une peinture représentant la scène se trouve à l’intérieur du monument.
NB: Enfin, amis cinéphiles, vous l’avez certainement reconnue ! Elle est présente dans une scène de mariage, dans un film en noir et blanc… Et oui, il s’agit bien du film Les Tontons Flingueurs où l’on voit le quartier Saint-Blaise et l’intérieur de l’église avec les Tontons agenouillés.
5 | Église Saint-Etienne du Mont (Ve)
Ensuite, continuons ce classement avec l’église Saint-Etienne du Mont, au pied du Panthéon dans le Ve arrondissement de Paris. Placée sur un ancien édifice religieux sur la montagne Sainte-Geneviève, la construction dure de 1491 à 1624 (oui, ça prenait du temps à l’époque, mais c’est toujours debout aujourd’hui !).
On pourrait se demander ce que ce monument historique a de surprenant par rapport aux autres églises de la capitale… Et bien, la réponse ne saute qu’aux yeux des connaisseurs. En effet, elle abrite un élément unique à Paris et extrêmement rare en France: un jubé, une séparation entre la nef et le coeur, séparant alors les ecclésiastiques des laïcs.
Obligatoire pendant le Moyen-Âge, beaucoup d’entre eux ont été détruits, volés, vandalisés et la pratique fut tout simplement abandonnée, d’où la rareté de ce mobilier de nos jours. En plus de la surprenante façade datant de la fin de construction, encadrée d’un sévère beffroi.
L’église abrite les reliques de Sainte-Geneviève, sainte patronne de Paris, ainsi que les restes du dramaturge Racine et du scientifique Pascal. Le jubé est finement sculpté dans du marbre blanc, et brise le panorama de l’intérieur de l’église, cloisonnant parfaitement les deux parties.
6 | La Basilique Sainte-Clotilde de Paris (VIIe)
Et surtout Clotilde sans le « h » s’il vous plait ! Ici est mise à l’honneur la reine Clotilde, canonisée par la suite, princesse burgonde et femme de Clovis roi des Francs. C’est en grande partie grâce à elle que le royaume des Francs devint catholique au Ve siècle après JC !
La basilique, quant à elle, est bien plus postérieure que la sainte dont elle porte le nom. Construite dans le modèle du gothique rayonnant, style qui a explosé au Moyen-Âge, elle date pourtant du XIXe siècle. Et oui, entre 1827 et 1857 ! Le gothique fit son retour à cette époque, par l’intervention d’écrivains romantiques tels que Victor Hugo, ou d’architectes comme Viollet-Le-Duc.
Sa construction fut décidée par Rambuteau, préfet de Paris et directeur des travaux avant le Baron Haussmann, et même Gustave Eiffel y participa en lui créant une structure métallique.
Vous ne pouvez pas passer près de l’Assemblée Nationale sans apercevoir ses deux grandes flèches symétriques. Et bien, sachez que le bâtiment en lui même fait exactement la même hauteur que Notre-Dame de Paris (soit près de 70 mètres)… Même si les flèches comparées aux tours sont moins imposantes !
7 | Église Saint-Eustache (Ier): la cathédrale des églises
Voici une des églises les plus imposantes de Paris. Imposante en taille mais aussi dans l’espace où elle se définit, Saint-Eustache surplombe le quartier des Halles et la Canopée.
Cependant, sa construction releva de l’acharnement et d’une évolution au cours des siècles. Dans un premier temps, la chapelle Saint-Agnès remplaçait le monument actuel au XIIe siècle. Puis, elle fut agrandie et prit le nom d’église Saint-Eustache en 1223, et subit de nombreux remaniement au fur et à mesure que la population grossissait dans le centre de Paris.
En 1532, la volonté de créer une petite cathédrale déclencha le projet d’agrandir Saint-Eustache dans le style gothique et renaissance, mais le mauvais financement du projet fut à l’origine d’un ralentissement considérable des travaux.
En 1754, un nouveau projet de façade relança les travaux qui encore une fois trainèrent en longueur, à tel point qu’aujourd’hui la façade Sud est restée inachevée. Malgré sa splendeur d’aujourd’hui, l’église aurait du être encore plus imposante si le financement avait été plus ample.
De nombreux grands évènements eurent lieu au sein de l’église, tels que la première communion de Louis XIV, les baptêmes de Richelieu, Molière, Madame de Pompadour, le mariage de Sully ou les oraisons funèbres de Mirabeau, La Fontaine et la mère de Mozart. Enfin, de grandes personnalités y sont inhumés ; on peut notamment dénombrer Colbert, Marivaux ou Scaramouche.
NB: Rentrez à l’intérieur de l’édifice et cherchez les différentes époques des sculptures et de l’architecture. Ici se mêlent joyeusement le nouveau gothique à l’ancien, agrémenté de sculptures renaissance.
8 | Église Saint-Merri (IVe)
L’église Saint-Merri tient son nom du saint Médéric qui mourut en ermite à l’emplacement même de l’église, canonisé par la suite et dont le nom Médéric devint par contraction Merri. Les restes sont encore présent dans l’église actuel, considérés comme reliques et Saint-Merri étant reconnu comme le saint patron de la rive droite.
Le premier édifice à cet endroit date du VIIe siècle après JC. Au IXe siècle, un officier royal se nommant Eudes Le Fauconnier est à l’initiative de la nouvelle église Saint-Pierre-Saint-Merri. Il a d’ailleurs bien existé car lors des seconds travaux, on a retrouvé la sépulture d’un homme chaussé de bottes de cuir doré, avec l’inscription : « Hic jacet vir bonæ memoriæ Odo Falconarius fundator hujus ecclesiæ ».
Le bâtiment actuel date quant à lui du XVIe siècle et a très peu évolué jusqu’à notre époque. Menacée lors de la Révolution Française (sale époque pour les bâtiments culturels religieux), l’église fut transformée en fabrique de salpêtre, puis en Temple du Commerce. Elle est rendue au culte catholique en 1803.
NB: Cette église abrite la plus ancienne cloche de Paris ! Fondue et moulée en 1331, elle a traversé les époques et a échappé aux pillages de la Révolution Française et aux différents guerres qui ont secoué la capitale. Elle est située dans le campanile, à gauche quand on se place face à la façade. De plus, suivant le plan architectural de Notre-Dame, elle est souvent appelée « Notre-Dame la petite ».
9 | Église de La Madeleine (VIIIe)
Commandée par Louis XV, construction commencée en 1763, l’église de la Madeleine fut réquisitionnée par Bonaparte, futur empereur Napoléon 1er, pour commémorer la gloire de ses batailles.
Tout d’abord temple maçonnique (cf: Temple de la Raison de Saint-Paul-Saint-Louis), puis gloire à la Grande Armée, le bâtiment a risqué la transformation en gare ferroviaire au XIXe siècle avant de devenir une église catholique, comme prévu initialement, en 1845.
De nombreuses personnalités se voient organiser des oraisons funèbres ou des cérémonies pour leurs obsèques. Encadrée par 52 colonnes, sa structure globale n’a pas évoluée depuis l’Empire. À l’extérieur s’enchaîne les statues de 34 saints différents, dont Saint-Luc qui fut décapitée par une bombe allemande en 1918.
A l’intérieur, la forme de l’église dans le style du Parthénon d’Athènes laisse place à un magnifique orgue sur lequel se sont succédés au clavier d’illustre personnages comme Camille Saint-Saens, Théodore Dubois ou Gabriel Fauré…
10 | Église Saint-Augustin (VIIIe): la plus bruyante des églises
Enfin, pourquoi s’intéresser à l’église Saint-Augustin de Paris ? Tout simplement pour sa construction étonnante et les rumeurs qui s’y rapportent.
Elle fut construite au XIXe siècle dans le quartier de la Petite Pologne dans le VIIIe arrondissement de Paris, actuelle place Saint-Augustin. Son architecte n’est autre que Victor Baltard, architecte des anciennes Halles de Paris. Elle se veut comme un mélange des arts byzantins et romans, très en vogue à l’époque.
Ayant une armature en métal, elle peut s’étendre sur 100mètres et être surmontée d’un grand dame de 63 mètres sans avoir de renfort sur les côtés (les arcs boutants) comme pour les édifices plus anciens et moins stables.
Cependant, située à l’intersection de deux grands boulevards définis par le Baron Haussmann, personne n’aurait pu prévoir, à l’époque, la circulation automobile et motorisée des passants… C’est pourquoi elle est considérée comme étant l’église la plus bruyante de Paris aujourd’hui !
Amusez-vous à aller visiter ces vestiges de l’histoire et de la culture parisiennes, et n’oubliez pas d’admirer les nombreux tableaux et fresques qui les ornent. Il existe beaucoup d’autres églises à visiter, comme Saint-Roch l’église des animaux et des artistes ou Saint-Germain-l’Auxerrois et son cloître… Bonne visite !
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Claudia Lully – @lesvolutesdeclaudia
Graphisme – Clara Bonfanti
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