L’INTERVIEW de Frédérique BEL by Jérémy COQUEMENT
L’INTERVIEW de Frédérique BEL by Jérémy COQUEMENT
JC – Vous avez commencé votre carrière comme mannequin pour des marques luxueuses. Quels sont vos souvenirs ?
FB – Quand j’ai débarqué à Paris avec ma maîtrise de lettres en poches, j’ai dû abandonner à contre coeur le souhait de passer mon CAPES pour être professeur, car ma bourse d’étude ne me permettait plus de continuer mes études décemment. J’ai donc postulé dans des agences de mannequin… Au début, on trouvait souvent mon nez «trop pointu»… J’ai donc été «mannequin corps et lingerie» et je travaillais bien (pub Lancôme, Evian, Lonchamps…) car j’avais de vraies jolies formes, une taille très marquée, un dos de «championne regionale d’aviron», et de vrais
seins (les faux n’avaient pas encore envahis Paris).
J’ai trouvé le numéro de chez «Dior lingerie» sur les pages jaunes et j’ai bossé en défilés, show room des années ! C’est bien plus tard que j’ai compris le culot que j’avais eu d’aller toquer là bas car c’était une place convoitée. J’ai de bons souvenirs avec mes amies qui y sont restées. Car le milieu du mannequinat est beaucoup plus solidaire entre les femmes que celui du cinéma. Après j’ai découvert que j’avais une «nature» comme ils disent… et que j’adorais la caméra et surprendre… C’est là que j’ai décroché 43 pubs à la télévision en 2 ans avec de grands réalisateurs qui m’ont choisie, tels qu’Etienne Chatiliez, Jean-Pierre Jeunet, Ivan Attal, Philippe Lioret… qui m’ont convaincue de persévérer. Ensuite, je me suis composé mon propre clown intérieur et je l’ai vendu, c’était «La Minute Blonde» à Canal+ … et c’était parti pour 10 ans de tournages, cinémas et tv…. Aujourd’hui j’ai le sentiment de découvrir mon métier à chaque tournage, je ne m’en lasse pas ! Mais la mode m’a fait découvrir mon corps et ma féminité. J’adore. Je trouve toujours très érotique de faire de belles images.
JC – Quel est le top 3 des meilleurs stylistes selon vous ?
FB – Je craque pour le travail d’Olivier Rousteing qui sait comment transcender les corps de femmes qui ont de la taille et des épaules et un grand cou comme moi. Je suis restée fidèle aux créateurs qui me suivent depuis longtemps comme Jean-Claude Jitrois, qui sait me transformer en cat woman avec ses tenues de cuir moulantes. Je suis une inconditionnelle de la jolie folie colorée de Frédérique Trou-Roy, créatrice de «Manoush» et j’ai découvert la boutique Aloha, rue Saint Honoré où l’on trouve des pièces uniques et des bijoux incroyables de créateurs européens originaux et classes. J’aime aussi les matières d’Anita Batik, le côté 60’s de Miu Miu,… et au quotidien je porte très facilement Isabel Marrant, Tara Jarmon ou H&M.
JC – Frédérique Bel en 3 mots ça donne quoi ?
FB -Spiritualité – Art – Amour
JC – Un jeune réalisateur vous propose de jouer le 1er rôle dans son film avec un budget à 0€, vous acceptez ?
FB – Mon métier, c’est de me jeter dans l’inconnu ! Mais Je fonctionne avec les 3 A …et il faut qu’il y en ai au moins 2 pour accepter le projet :
• A comme Art : la qualité du scénario/ talent du réalisateur
• A comme Amour : la capacité emphatique de m’accueillir dans une vraie famille passionnée et motivée autour d’un projet, où l’égo reste dehors au profit d’une belle expérience.
• A comme Argent, « car tout travail mérite salaire », c’est marqué dans la bible 🙂 lol. Donc pour répondre à votre question, si le «Jeune ou vieux réalisateur» me propose les 2 premiers «A» je prends avec un immense plaisir. Je participe d’ailleurs à plusieurs projets amateurs chaque année…
Maintenant, je ne réponds sur Facebook qu’à ceux qui savent :
1 : se présenter poliment
2 : être clair et concis
3 : éviter d’écrire « sa va ? »
Bref, des projets concrets, des scénarios définitifs, bien écrits… si possible fous, trashs, de science fiction ou philosophique, qui ont déjà un peu de production, bref de la visibilité à moyen terme…
JC – Si demain vous vous rendiez compte que tout ce que vous avez vécu n’était qu’un rêve, qu’est ce que vous ne
referiez pas ?
FB -Mais tout ce que l’on vit n’est qu’un rêve… non? La réalité n’est elle pas le film subjectif que nous en faisons ? Je crois au Destin et je trouve ce fantasme de «contrôler sa vie» très dommageable pour l’humain. J’essaye d’être dans le « lâcher prise». Je vis le moment présent avec le plus de profondeur et de présence possible. Et mon métier en est le training idéal… Car tout se passe dans le présent devant une caméra… Pour moi, le passé n’existe plus et pour le futur, je citerais une phrase de Mohamed Ali qui dit « L’impossible est provisoire »… Je suis toujours prête pour sauter dans l’inconnu avec espoir et curiosité !
JC – On vous souhaite de faire encore des films qui marchent… Décidément, quand on regarde votre CV, il n’y a que des films ou séries à succès qui dépassent le million de spectateurs comme : Camping, Fais pas ci – fais pas ça, Vilaine, Safari, Le phénomène des 12,5 millions du « Bon dieu »… Vous choisissez bien vos films ou vous portez chance ?
FB -Heu… un peu des 2… ça c’est mon petit secret… Je vous avoue que j’ai une petite passion pour le tirage de cartes et c’est vrai que je choisi parfois mes films avec l’aide de la voyance…
JC – Merci Beaucoup Frédérique
FB – Mais c’est un plaisir Jérémy !
Crédits photos /////
Photos: Yves Bottalico C/O Goodwork Paris
Assistante : Halldora Magnusdattir
Stylisme: Lorelen Magard
Maquillage /Coiffure: Dimitri Theer C/O Backstage
Merci infiniment au Buddha-Bar Hotel Paris.