Top 10: Les endroits disparus de Paris…
[dropcap]D[/dropcap]isparus, détruits, réhabilités… La ville de Paris a souvent changé de visage, et il est en de même pour les bâtiments qui l’habitent. Pour des question d’assainissement, de mode, d’accident, de progrès ou bien encore de manque d’utilité, certains coins et bâtiments disparurent au fil du temps…
Découvrons ainsi ce TOP 10 des endroits disparus de Paris !
1 | La Bièvre: un des éléments célèbres disparus de Paris
Tout d’abord, allons se balader dans les 5e et 13e arrondissements. Ici s’écoulait naturellement une rivière nommée la Bièvre. Prenant sa source à Guyancourt dans les Yvelines, elle se séparait en deux bras distincts lors de son entrée dans Paris Poterne des Peupliers. Passant près de Moulin des Prés puis du Jardin des Plantes, les deux bras se joignaient aux alentours de la montagne Sainte-Geneviève. Elle se jetait dans la Seine à l’intersection des 5, 12 et 13e arrondissements.
Tout d’abord rivière saine et potable, elle fut transformée en recoin des tanneurs près de la manufacture des Gobelins vers Saint-Marcel. Par la suite, devenue malsaine, puante et porteuse d’épidémies, le baron Haussmann décida de la faire disparaitre dans l’idée d’assainir la ville. Elle fut alors entièrement recouverte et disparue de la ville de Paris. Par ailleurs, elle ne se jette même plus dans la Seine mais dans les égouts de Paris !
Vous pouvez la retrouver à l’extérieur de la capitale, mais elle fut définitivement rayée de Paris, et devint alors un des endroits célèbres disparus ! Cherchez les plaques commémoratives de son existence lors de vos balades, c’est toujours un jeu.
2 | Les bordels et lieux clos de prostitution
Les Années Folles et Paris, sacrée histoire ! Si sacrée qu’une grande partie de ses endroits cachés sont au statut de « disparus » aujourd’hui… Et oui, tabou un jour, tabou toujours !
Vous saviez que plusieurs rues ont changé de nom après les Années Folles ? Oui, auparavant, aller se promener rue du Pélican rimait avec rue du Poil au Con. Ou encore, rue du Petit Musc s’accordait avec la rue de la Pute-y-Musse (autrement dit « la pute qui flâne »). Bon, autant vous dire que c’était vu d’un mauvais oeil… Mais pas partout ! Certains bordels de luxe rassemblaient le grand monde parisien, où plus d’une négociation eut lieu contre les faveurs des « Grandes Horizontales », courtisanes de luxe.
Autour du Palais Royal flânaient les prostitués sans maison-close, entre autres. Un des quartiers célèbres, resté fidèle à cette rumeur, est la rue Saint-Denis… Encore aujourd’hui, les hommes en quête de débauche filent tout droit le long de la rue, et payent une nouvelle ou une habituée.
NB: Les bordels affichaient leurs tarifs à l’entrée avec des expressions plus ou moins cocasses… (On note le « gougloutage du poireau avec pression de la main » ?)
Si vous souhaitez vous renseigner sur cette époque de débauche luxueuse, je vous conseille de regarder l’épisode de Secrets d’Histoire – Les Courtisanes: les Reines de Paris traitant du sujet.
3 | Les abattoirs de la Villette et de Vaugirard
Il fallait bien nourrir la capitale avant le développement du trafic et l’acheminement rapide des denrées. C’est pourquoi Paris était cerné de champs, maraîchers mais aussi d’élevage. Et pour exploiter la viande, il fallait bien abattre le bétail.
C’est pourquoi deux grands abattoirs se situaient à la périphérie de Paris. L’abattoir de la Villette et celui de Vaugirard. Ce dernier, du quartier Saint-Lambert dans le 15 arrondissement, a complètement disparu depuis, à l’exception de la grande arche et de quelques statues telles que certaines de taureau.
L’autre subsista plus longtemps. Cependant, suite à un scandale de manque d’hygiène, il dû fermer ses grandes portes. Certains bâtiments ont disparu aujourd’hui. Mais un bon nombre ont été réhabilités et réaménagés. Il suffit de prendre comme exemple la grande halle de la Villette ; à l’origine, il s’agissait de la Halle aux boeufs…
Oui, ça peut paraître glauque d’aller prendre du bon temps là où la mort régnait. Mais, ce n’est pas pire que de profiter de la place de la Concorde où des centaines de personnes furent guillotinées.
4 | Les cimenteries et les frigos du 13e arrondissement
Ensuite, tout comme pour les abattoirs, les quartiers périphériques de la capitale regorgeaient des métiers artisanaux. On retrouvait les tanneurs dans le 5e près de la Bièvre, mais l’ancien quartier de la BnF était dédié aux cimenteries et aux frigos.
Les grands bâtiments furent, au fur et à mesure, abandonnés et l’espace complètement déserté. Par la suite, de riches parisiens rachetèrent l’endroit et l’entretinrent plus ou moins.
Les grands bâtiments eurent par la suite des destins variés. Certains accueillirent des artistes de street art, que vous pouvez encore admirer et visiter. Une autre grande partie a accueilli la nouvelle faculté de Paris-Diderot, avec sa bibliothèque, et une école d’architecture. L’endroit, avec la nouvelle avenue de France, est très plaisant à vivre et à arpenter, tout comme l’esplanade de la Bibliothèque nationale de France.
NB: Un héritier de ces riches personnes n’était autre que Jean-Marie Le Pen.
5 | Les bals: les évènements disparus et proscrits
Bon, je vous l’accorde, il reste le bal du 13 juillet des sapeurs pompiers de Paris. Mais tout de même, mis à part cette exception, nous pouvons dire que les bals sont devenus des évènements disparus.
Auparavant, il y avait un bal au moins une fois par semaine. Plus ou moins importants, ils devenaient des attractions de la capitale, et un évènement incontournable pour une jeune femme… C’était souvent là, bien avant les sites de rencontre, que l’on trouvait son futur époux. Oui, les moeurs strictes de l’époque étaient de mise… On rentrait présenter son cavalier, on l’épousait dans la foulée ! À partir de leur véritable démocratisation en 1790, il y avait 400 bals différents à Paris …
Un des bals célèbres étaient le bal Bullier. Créé par François Bullier au milieu du XIXe siècle, il était situé dans le quartier du Val-de-Grâce du 5e arrondissement. Il était notamment fréquenté par les étudiants du quartier de la Sorbonne, et les festivités avaient lieu… Le jeudi soir ! Une vieille tradition ces soirées étudiantes, n’est-ce pas ?
Il ferma définitivement en 1940 et le lieu fut réhabilité comme une branche du CROUS de Paris. D’autres bals ont disparu dans les changements d’époque, tels que le Directoire, l’Araignée, le bal Montesquieu etc.
NB: À l’origine, le bal Bullier se nommait le bal La Closerie des Lilas. Il existe par ailleurs un bistrot se nommant Closerie des Lilas à proximité de l’ancien emplacement du bal.
6 | De nombreux lieux de rencontres…
En plus des bals pour trouver l’amour, on pouvait sortir pour trouver les copains ! Et de ce côté, la capitale n’était pas en reste…
Mais avec les effets de mode, beaucoup de ces lieux devinrent de moins en moins fréquentés. Laissés à l’abandon, désaffectés, ils furent soit détruits, soit transformés. Et ces lieux étaient divers et variés !
Les cabarets disparurent les uns après les autres pour ne rester qu’une poignée à la capitale. Un de ces célèbres disparus est le Cabaret des Truands, ou la Taverne des Truands, faisait partie du Montmartre secret et insolite… Boulevard Clichy, nommé successivement Cabaret de la Truie qui file, du Porc-Epic, l’Épatant, Araignée et enfin des Truands. Il avait recréée à sa manière une ambiance médiéval, troubadours et trouvers de rigueur. Aujourd’hui, le Théâtre des Deux Ânes lui a succédé. Mais vous pouvez vous imaginer dans ce vieux Paris.
De nombreux lieux, souvent dans le même coin, avait un succès fou avant de disparaître et d’être remplacé. Je parle du Palace, ou bien encore du Tabou. Mais aussi et surtout du café glauque et effrayant de L’Enfer, dont les décors parlaient d’eux-mêmes et faisaient jaser les chaumières.
7 | L’éléphant de la Bastille, statues et fontaines
Tout d’abord commandé par Napoléon 1er, l’éléphant de la Bastille était une gigantesque fontaine, visant à remplacer celle mise en place après la Révolution Française, la fontaine de la Régénération. Cette fontaine monumentale devait recevoir l’eau de l’Ourcq via le canal Saint-Martin, et l’éléphant devait porter un howdah en forme de tour. Abandonnée suite aux successions des différents régimes, son effigie en plâtre fut détruite pour laisser place à la colonne de juillet.
Beaucoup d’autres fontaines ont subi des bouleversements lors de grands travaux parisiens ; certaines, encore existantes, ont été déplacées comme la fontaine de Saint-Germain des Prés. D’autres ne sont actuellement plus en eau, comme la fontaine de Saint-Denis. Et enfin, quelques unes furent finalement détruites au profit des grands boulevards.
Il existe cependant des ornements de fontaine disparus. Je prends comme exemple les statues des crocodiles (ou les alligators) de la fontaine de la place de la Nation ; de gros crocodiles en bronze, positionnés comme des arabesques, furent détruits en 1941 pour fournir du bronze à l’occupant et faire des armes durant l’occupation. Disparus pour être fondus, triste histoire…
NB: Dans Les Misérables de Victor Hugo, Gavroche et son frère possèdent comme repaire le ventre de l’éléphant de la Bastille.
8 | Des parc d’attractions… Et oui !
Difficile à croire aujourd’hui ! Mais pourtant, Paris avait bel et bien des parcs d’attraction dans ses murs. Et des parcs d’attractions très célèbres, attirant les parisiens comme les touristes.
Le Luna Park était situé à la porte Maillot, de 1909 à 1948… Vous l’avez bien deviné, il fut détruit pour la construction de l’actuel Palais des Congrès ! Il était cependant à l’époque le troisième parc d’attractions de l’histoire de France, après les jardins de Tivoli et Magic City. Contrairement à son nom cosmique, il n’avait pas pour thème précis l’espace. Mais on pouvait aller profiter des montagnes russes (mises en place par les avancées technologiques des constructions métalliques), ainsi que du Palais des folies, attractions qui faisaient fureur à l’époque.
On retrouvait aussi le vaisseau spatial de l’attraction « Voyage dans la lune », une sorte de « maison du rire » qui visait à soulever les jupes des demoiselles (il en faut peu pour être heureux). Devenu sombre durant la guerre par des rencontres de collaboration, il fut déserté et fermé en 1948 avant d’être détruit.
Puis, le Mirapolis était situé vers Cergy-Pontoise, de 1987 à 1991. Jugé « premier parc d’attraction français » à l’époque, il pouvait accueillir près de 30 000 visiteurs par jour et ses attractions étaient connues dans le monde entier. Le thème du parc était les fables et les grands romans français, et on pouvait ainsi y retrouver une statue creuse de 35m de haut de Gargantua, qui était une des 60 attractions du parc.
Le parc ne fut jamais rentable et ferma ainsi ses portes en 1991, après 5 ans de fonction. Il fut détruit et les 47 hectares réhabilités.
9 | De nombreuses gares
Dans un premier temps, saviez-vous qu’à Bastille il y avait une gare avant le métro ? Difficile à croire aujourd’hui, mais pourtant vrai. Elle était située entre la rue de Lyon et la rue de Charenton, de 1859 à 1969. Elle était reliée à la gare de Verneuil-L’Étang, près de Vincennes. Malgré son arrêt de fonction en 1969, elle ne fut pas tout de suite détruite. En effet, elle servit jusqu’en 1984 pour des expositions artistiques. Et je vous laisse deviner par quoi elle fut remplacée… Ces bâtiments disparus laissèrent la place à l’installation de l’Opéra Bastille ! Art un jour, art toujours !
Ensuite, autres points ferroviaires disparus aujourd’hui: la gare de Ménilmontant et une bonne partie de la Petite Ceinture de Paris. Ouverte en 1862, la gare de Ménilmontant et ses copines ferment en 1934, anéantissant alors la Petite Ceinture fortement remplacée par le métro. Cependant, quelques vestiges subsistent, comme la passerelle de la Mare qui est réservée aux piétons.
Enfin, la gare Montparnasse n’a pas toujours été à l’endroit où elle se trouve actuellement… Ses anciens bâtiments, détruits et disparus, furent remplacés par le centre commercial Montparnasse et sa grande tour noire ! L’ancienne gare Montparnasse, dont une photo d’un accident de locomotive laisse imaginer sa forme, fut déplacée pour des raisons techniques. Elle fut alors décalée à une centaine de mètres plus loin, où se trouve l’actuelle gare.
10 | Monuments complets disparus
Finalement, terminons ce TOP 10 par ces quelques monuments détruits pour des raisons éthiques, morales ou par manque de moyens, remplacés par d’autres bâtisses avec d’autres fonctions… Il existe ainsi de nombreux théâtres, cinémas disparus pour d’autres constructions… On compte aussi un hippodrome, un cirque et même un opéra !
Tout d’abord, l’Opéra Le Peletier a existé de 1821 à 1873, et se situait près du boulevard des Italiens (actuel hôtel Drouot). Le malheureux fut ravagé par un incendie de causes inconnues. Mais les conséquences d’un tel drame furent nombreuses: installation de réseau de bouches à incendie, l’activation de la construction de l’Opéra Garnier et entre autres les derniers percements de boulevards par Haussmann (dont le carrefour Richelieu-Drouot). Un mal pour un bien dirons-nous, mais tout de même tragique.
Ensuite, le Palais du Trocadéro devait persister, et la tour Eiffel devait être détruite. Paradoxal mais l’inverse se produit ! Les bâtiments disparus de l’ancien Palais ont permis par la suite la construction de l’actuel Palais de Chaillot et dégager la vue du Trocadéro sur la tour Eiffel, avec la mise en place de la fontaine de Varsovie.
Enfin, nous ne pouvons parler du Vélodrome d’Hiver, érigé en 1909 et détruit en 1959. Célèbre par son rôle involontaire dans la Seconde Guerre Mondiale et la Déportation, plus connu sous le nom de « Vél d’Hiv », Il était situé rue Nélaton, dans le 15e arrondissement. Malgré ce douloureux épisode, il fut pr la suite le théâtre d’organisation de tournois de boxe (où l’on vit par exemple Marcel Cerdan ou Sugar Ray Robinson), de jumping équestres, de défilés de mode et même de courses de taureaux et de corrida (dont la dernière eut lieu en 1949). Pendant un temps, il y eu aussi Holidays on Ice jusqu’en 1958, puis un centre de rétention de Français musulmans d’Algérie (FMA) sur ordre de Maurice Papon. Il est finalement détruit un an plus tard et l’emplacement fut réhabilité par l’État pour ses ministères.
Vous pouvez ainsi arpenter la capitale et vous amuser à découvrir ces endroits disparus !
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Claudia Lully – @lesvolutesdeclaudia
Graphisme – Clara Bonfanti
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